Dans cette troisième partie, nous allons voir comment Copernic a essayé de diffuser sa thèse sur l’héliocentrisme. Nous allons aussi nous intéresser aux réactions de l'Eglise et du milieu scientifique face au modèle du savant polonais.
Après l'apport d'une combinaison d'épicycles et de déférent pour rendre compte des trajectoires elliptiques (et non circulaire), le modèle de Copernic semble tout à fait correct. En effet, il règle de nombreux problèmes et possède de nombreux avantages par rapport aux anciennes théories de l'époque. Persuadé du bien fondé de ses concepts Copernic cherche à les diffuser. C’est chose faite avec son livre : De revolutionibus Orbium Coelestium.
Cependant le modèle du savant polonais est largement contradictoire avec l'état de la connaissance de son époque. De nombreuses personnes ne partagent pas son avis, notamment l'Eglise pour qui cette théorie est totalement inconcevable. De plus, la plupart des scientifiques sont en désaccord avec Copernic à qui ils opposent de nombreux arguments scientifique. Ces érudits sont sur d’eux car les preuves qu’ils ont en main leur semblent indiscutables. Seulement comme nous le verrons aucun de ces arguments n'est valide.
Pour tout homme étranger au milieu scientifique, la conception de l’univers que se faisait Copernic était bien évidemment en contradiction avec les observations que l’on peut faire à l’œil nue. L’idée que la Terre est mobile est, à cette époque, considérée comme absurde, en effet nos sens ne nous indiquent en aucune manière que cet astre est en mouvement. De plus de nombreux hommes sont conscients que si la Terre est en mouvement tout corps alors sur cet astre devrait être projeté dans l’espace (force centrifuge). Enfin certains citoyens savent pertinemment que le système héliocentrique est invalide : puisque le soleil se lève a l’est et se couche à l’ouest : il ne peut donc être immobile comme l’affirme Copernic. La théorie du savant polonais était donc en total contradiction avec les observations quotidiennes si bien que la grande majorité des hommes de cette époque en concluait que la terre est au repos.
En enlevant à la Terre une place privilégiée dans l'Univers, l'héliocentrisme va soulever de nombreuses critiques, notamment de la part de l'Église. Cette théorie fut assez mal acceptée par la majorité des lecteurs de l’époque, qui étaient bien ancrés dans leurs convictions. Sa théorie va trop à l’encontre des croyances, des préjugés et le concept d’une Terre mobile est difficile à accepter pour la plupart des lecteurs du XVIème siècle.
Suite à la parution de De Revolutionibus, les premiers opposants à Copernic et à sa théorie sont les Protestants. De nombreux croyants vont critiquer Copernic. Par exemple, le pasteur Luther le traite de sot et affirme que le Soleil ne peut être fixe car Josué a pu lui ordonner de s'arrêter. Cette ecclésiastique l'attaque d'ailleurs personnellement en déclarant : «Le peuple prête l’oreille à ce nouvel astrologue qui voudrait démontrer que la Terre se meut et tourne au lieu que ce soient le ciel et le firmament, le Soleil et la Lune… Ce fou prétend bouleverser toute l’astronomie, mais comme le déclare l’Ecriture, c’est au Soleil et non à la Terre que Josué a donné l'ordre de s'arrêter». Calvin, par un verset de Psaume, va lui aussi répondre à Copernic : «Aussi le monde est ferme, il ne chancelle pas. Ton trône est établi dès les temps anciens».
Comme le dit la Sainte Inquisition, la thèse de Copernic est incompatible avec les Saintes Écritures (le psaume 93 dans la Bible indique à cette époque : « Tu as fixé la terre, ferme et immobile »). En effet, la théorie géocentrique correspond aux textes de la Bible qui place l’Homme, et donc la Terre, au centre de l’Univers. Mais avec la théorie de Copernic, les hommes se sentent impuissants : la Terre perd sa situation centrale et son rôle privilégié.
Mais quelques rares religieux l'ont aidé, notamment en 1536, le cardinal évêque de Capoue et l'évêque de Kulm, vont se charger des dépenses de la publication pour faire connaître son oeuvre au plus grand monde. Le livre reste longtemps ignoré et il passe sans faire de vagues pendant 18 ans (1545 à 1563). Lorsque Giordano Bruno admet l’hypothèse héliocentrique comme une certitude, les théologiens se rendent compte que l’astronomie peut renverser les dogmes de l’Eglise. La création du monde en 6 jours ne possède alors plus aucune signification. L’Inquisition brûle vif Bruno pour hérésie et met le livre de Copernic à l’Index. En 1620, l’Eglise autorise les catholiques à lire les éditions épurées des 9 lignes qui présentaient la théorie comme un fait. Le livre disparaît de l’Index vers 1758, mais son interdiction perdure officiellement jusqu’en 1828. L’interdit sur l’intégralité de l’œuvre n’est levé qu’en 1835.
Ce n'est que durant les années 1835 que l'Église accepte l'idée que la Terre tourne autour du Soleil.