Pour passer outre cette difficulté, le savant utilise une méthode simple : il énonce qu'il existe deux langages, le langage commun et le langage scientifique. Le premier est selon Galilée pourvu d'imprécision, Dieu l'aurait utilisé dans son "infinie sagesse" à l'intérieur du texte sacré afin que sa pensée soit comprise par tous les hommes. Le second qui est le plus rigoureux doit être employé tout au long d'un raisonnement scientifique. Attention, Galilée est bien conscient que ce n'est pas parce que la Bible est écrite en langage commun qu'il faut la rejeter il est seulement sûr "que la vérité est une mais qu'il y a deux langages pour l'exprimer". Le langage scientifique serait le plus approprié pour atteindre «cette vérité». Lorsque l’on découvre pour la première fois les préceptes du savant italien ces derniers nous semblent être des plus tendancieux puisqu’ils mettent en doute la validité des Ecritures Saintes. Cependant à cette époque force est de constater que l’Église reste indifférente aux théories défendues par Galilée alors que ces dernières sont tout de même en mesure de lui porter préjudices. Pour saisir ce paradoxe, il est nécessaire de comprendre quelle est l’attitude des deux principaux ordres religieux de l’époque, les dominicains et les jésuites.
L'ordre jésuite, compte dans ses rangs des mathématiciens, des philosophes, des astronomes… Ces religieux défendent des théories énoncées par Aristote et proclament que quiconque a fait des découvertes compatibles avec les théories de ce savant grec est en accord avec le dogme catholique. Mais pendant que Galilée cherche à réaliser son programme, des idées contradictoires circulent dans le camp des jésuites dont certains s'éloignent du précepte ci-dessus évoqué et veulent aider Galilée, conscients de la vraisemblance de la théorie copernicienne. Lorsque l’inventeur de la lunette astronomique vient à Rome en 1611 pour faire expérimenter son invention, les jésuites se prêtent volontiers aux expériences proposées par le savant et grâce à de multiples observations prennent conscience de l’exactitude de ses découvertes. Sachant pertinemment que la théorie de Ptolémée est indéfendable ils font régner entre les représentant de l’Église et Galilée une entente parfaite. Ils sont donc favorables à la théorie de Copernic et s'accordent pour concilier dogme et science : "ils veulent que l'Église ait une position éclairée et moderne". Mais leur enthousiasme vis-à-vis des préceptes de Copernic connaît une certaine limite. Les propos du savant polonais ne doivent être utilisés que sous forme hypothétique et il vaut mieux essayer de se référer dans la mesure du possible à la théorie de Ptolémée. De plus ils énoncent clairement et fermement qu’étant donné que la validité du système copernicien n’a pas encore été prouvée scientifiquement, parler de ce système comme d’un fait établi pourrait attirer des ennuis à toute personne défendant ces positions (cela constituerait une offense aux Saintes Ecritures). On s’aperçoit donc que Galilée obtient la protection des jésuites puisqu’il n’évoque les principes de la théorie copernicienne que de façon hypothétique. Les membres de l’ordre des jésuites vont d’ailleurs le protéger un certain temps contre les dominicains.
Ces derniers contrairement aux protecteurs de Galilée, montrent une extrême défiance vis à vis du savant et de ces préceptes. Pour eux, toute recherche, invention, innovation scientifique ou philosophique est suspecte. Il ne faut pas oublier qu'au début du XVII° siècle, l'ordre dominicain regroupe des hommes conservateurs. Ces hommes se présentent comme étant fortement défavorables à la théorie du savant polonais car ils craignent un changement qui pourrait déstabiliser l'Église. Après de multiples tentatives pour persuader les représentants de cet ordre d‘essayer la lunette Galilée se fâche et clame que ces religieux ne sont que « des pygmées intellectuels qui méritent à peine de faire partie de la race humaine ». Par ce comportement irréfléchi Galilée s‘attire les foudres de nombreux ecclésiastiques parmi lesquels se trouvent des jésuites qui étaient pourtant susceptibles de le défendre. Après bien des débats, ces dernier décident de se tenir à l'écart de toute discussion au sujet de l‘héliocentrisme. Les membres de cet ordre, se tournent alors vers un autre système, celui de Tycho Brahé (voir annexe). On peut observer que Galilée par ses actes et ses dires n’adoptent pas une position raisonnable : il se prive d’un de ses plus grand soutien incarné par l’ordre des jésuites et se met à la merci des attaques des dominicains.